adressé à Monsieur Jean Marie Pelt. Je vous le met pour info, dés fois que d'autres y trouvent des idées pour secouer d'autres scientifiques.
Alex
Monsieur Jean Marie PELT institut européen d'écologie rue des récollets
57000 Metz
Monsieur,
Admirateur de longue date de votre manière de nous faire aimer notre planète, j'ai voulu vous interpeller par le biais de "CO2 mon amour", l'émission de Denis Cheissous sur France Inter. Il m'a communiqué votre adresse afin que je vous adresse directement cette remarque, qui vous concerne directement.
Dans votre dernier ouvrage, vous ouvrez la notion de développement durable à des expériences peu connues, qui sortent des clichés habituels cantonnés au secteur primaire et aux énergies renouvelables. Ainsi, si le fonctionnement des assurances mutualisées m'est soudain apparu sous un nouveau jour, je reste interloqué par les compliments dont vous abreuvez l'entreprise Lafarge. Je connaissais une partie de ses engagements pris pour redresser la mauvaise réputation des industries fortement génératrices de C02. Avec plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre dus à la fabrication des ciments au niveau mondial, je comprends que ces engagements relèvent d'intentions des plus sincères sur le plan environnemental, mais je suis aussi persuadé que la direction du groupe à pleinement conscience de l'utilité d'une image de marque d'excellence dans un domaine particulièrement polluant.
Si Lafarge fait des efforts incontestables pour minimiser les traces de son passage, elle n'en est pas moins régulièrement mise en cause pour manquements à ses engagements, et paie régulièrement des dommages et intérêts à ses détracteurs, preuve à mes yeux de la difficulté d'adéquation entre vœux pieux et pleine action.
Aujourd'hui, un collectif de plus de trente associations se bat contre le projet de la société Lafarge de creuser un trou de 12 millions de métres cubes, soit 18 millions de tonnes de sable marin de la meilleure qualité, à proximité de la ria d'Etel.
Outre le fait que ce projet est une insulte à la ria, un des rares endroits de l'hexagone où tous les professionnels du bassin versant se concertent pour préserver son équilibre, c'est tout le cordon dunaire de Gavres à Quiberon qui est menacé par cette exploitation. Quand bien même des scientifiques indépendants prouveraient l'absence totale de risque d'impact sur le trait de côte, le dragage d'une telle quantité de sédiments sur la zone la plus poissonneuse du secteur met en péril son équilibre halieutique et provoquera à court terme des tensions professionnelles chez les pêcheurs qui devront se rabattre sur d'autres zones. J'attire au passage votre attention sur le fait que ni Lafarge ni la société chargée de l'étude du projet n'a pris la moindre information auprès des Pêcheurs professionnels, y compris dans la partie biologique de leur étude. La société ne prend d'ailleurs aucun avis des sapiteurs régionaux, et rabâche qu'elle est ouverte à un dialogue qui s'avère à l'occasion n'être constitué que de deux monologues.
Il est remarquable que la société Lafarge publie à intervalles réguliers dans la presse locale des pages d'informations qu'en toute objectivité on pourrait nommer propagande. Le monde scientifique lui même dénonce une parodie d'étude, menée par une filiale de Lafarge. Comme le dit l'un d'eux, Pierre Mollo, dans un domaine où il n'existe que des recherches partielles, un scientifique "ne trouve que ce qu'il cherche".
Ayant été un moment journaliste chargé d'une rubrique sur l'environnement marin, j'ai mis plusieurs mois à m'engager contre ce projet, car je comprends la réticence des gens à l'égard d'une intrusion industrielle dans leur jardin qui pourrait étouffer leur sens critique. Au fur et à mesure de mes recherches, je n'ai trouvé que des critiques à l'égard du projet Lafarge, dont la moindre n'est pas que l'entreprise s'exonère de toute indemnité de réhabilitation en draguant là où l'on ne peut rien prouver contre elle, les dégâts éventuels s'étendant à grande distance de sa zone d'intervention. C'est peut être justement parce que le groupe Lafarge fait preuve dans nombre de ses projets d'une éthique et d'innovations rares dans le milieu industriel que sa méthode résolument primitive est choquante et inacceptable dans le projet qui nous concerne.
Je n'ai aucune idée de ce que vous ferez de ces informations, mais j'espère qu'elles éveilleront chez vous un début de questionnement sur l'exemplarité d'une entreprise dont vous avez convaincu, injustement je crois, nombre de vos lecteurs. Je vous communique à toutes fins utiles l'adresse du site Internet qui relaie la contestation du collectif du Peuple de Dunes, espérant que vous daignerez lui accorder un peu de l'attention qu'il mérite.
(http://peupledesdunes.blog.com/)